Pourquoi ne pas utiliser les colliers de dressage?

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Collier de dressage électrique pour chien
Vanessa Fontaine de Pup's Academy

Article rédigé par...

Vanessa Fontaine

Pup's Academy

Ces outils sont coercitifs : ils permettent de contraindre un individu de manière physique à faire quelque chose contre son gré. Ils sont faits pour être répressifs et vont de pair avec une éducation basée sur la punition physique et émotionnelle.

Il y a beaucoup de sujets qui font débat dans le monde de l’éducation du chien de compagnie, dont l’utilisation des colliers de dressage. Mais pour quelle raison une partie de la profession refuse en bloc d’utiliser ces outils, au même titre que de nombreux propriétaires de chiens ?

Avant toute chose, je vais vous lister rapidement les outils les plus utilisés :

  • Le collier étrangleur : autrement appelé collier chaînette ou collier sanitaire, qui n’est ni plus ni moins qu’un collier coulissant exerçant une pression (plus ou moins appuyée) sur la trachée pour punir un comportement.
  • Le collier à pointes/à piques ou Torcatus : autrefois utilisé pointes en l’air pour la protection des chiens de troupeaux contre les loups, son utilisation a aujourd’hui été détournée pour être utilisé pointes contre le cou, pour inhiber certains comportements du chien.
  • Le collier électrique : soit en collier de dressage, soit en anti-aboiement, le collier prévient sous forme de bip et envoie une décharge électrique pour stopper un comportement.
  • Le collier à la citronnelle ou à air comprimé : ces colliers ont pour objectif d’envoyer une décharge d’air ou de citronnelle pour paraître moins “violents” que les colliers électriques et mieux acceptés par le grand public.

Dans cet article, il ne s’agit pas de porter un jugement sur ceux qui les utilisent, mais d’expliquer clairement la raison qui pousse une grande partie de la profession, de nombreux propriétaires de chiens et certains pays à refuser d’utiliser ce genre d’outils en tant que modèle d’éducation.

Les professionnels qui refusent d’utiliser ce genre d’outils ne le font pas sans connaissance de l’utilisation de ceux-ci. Il ne s’agit pas de dire que pour bien les utiliser, il faut savoir s’en servir correctement… ça, c’est une évidence. Mais il faut aussi savoir se servir de certains outils pour pouvoir connaître leur impact et refuser volontairement de les utiliser. Malheureusement, il ne faut pas croire que ces outils ne fonctionnent pas. Ils répondent parfaitement à ce pour quoi ils sont fabriqués. La question est de savoir s’il est éthiquement acceptable de les utiliser sur “notre ami/compagnon” canin, qui a bien du courage à supporter nos exigences et nos maltraitances, parfois involontaires.

(J’ai moi-même utilisé certains de ces outils dans une autre vie, et on peut parfaitement être performant en les utilisant, pour ensuite refuser de les utiliser parce que l’on sait faire sans, en améliorant le bien-être du chien qui apprend !)

C’est pour cela qu’il est important d’alerter les propriétaires sur les conséquences de leur utilisation :

ILS INFLIGENT DOULEURS ET BLESSURES

Le cou du chien renferme des organes importants qui peuvent être endommagés par l’utilisation de colliers de dressage et par la capacité de l’humain à les utiliser à répétition grâce à leur facilité d’utilisation, sans prendre en compte leurs conséquences.

De nombreux problèmes peuvent être soulevés lorsque l’on utilise ce genre de colliers : irritations, tensions, contusions, blessures musculaires, brûlures, pression artérielle, problèmes respiratoires, problèmes de déglutition…

Je vous laisse prendre connaissance de l’anatomie du chien et des organes qui sont impactés par ces colliers via la brochure complète de FreeDogz “Ne vous êtes-vous jamais demandé ce qui se passe sous le collier ?”

En plus de l’aspect physique, il ne faut pas oublier là où l’impact est le plus important : l’état émotionnel du chien, souvent moins facile à détecter. À punir à tort et à travers, à anticiper là où ça n’est pas nécessaire, et sans savoir exactement quelles seront les associations que le chien va faire lorsqu’il est réprimandé, nous provoquons des conséquences dramatiques sur son niveau de stress et son niveau de réactivité.

Les chiens peuvent faire des associations négatives qui n’étaient pas prévues et associer la gêne ou la douleur à quelque chose dans leur environnement : un chien, un humain, un vélo, un enfant, etc. Et sans le vouloir, on peut créer des peurs et augmenter leur niveau de stress, d’irritabilité, et d’agressivité.

ILS SONT INUTILES

Parce que, oui, la vraie raison est aussi là.
Ces outils ne sont absolument pas utiles, ils sont même contre-productifs, pour éduquer son chien ou résoudre un problème de comportement. Dans quelle mesure est-il alors justifié d’utiliser des outils potentiellement blessants alors qu’ils ne sont pas nécessaires ?

Des chercheurs vétérinaires de l’Université de Pennsylvanie ont constaté que les propriétaires d’animaux qui ont utilisé des méthodes coercitives pour régler des problèmes comportementaux de leur chien ont pu aggraver le problème au lieu de le résoudre.

Cette nouvelle étude, publiée dans l’édition de février (2009) du Applied Animal Behaviour Science, a constaté que les propriétaires d’animaux qui utilisaient des méthodes punitives en fonction de leur chien recevaient des réponses plus agressives que ceux qui utilisaient des méthodes basées sur le renforcement positif.

Dans une société où l’on se base systématiquement sur le curatif plutôt que sur le préventif, l’éducation canine n’est pas en reste… C’est donc en tout illogisme que l’on tente de résoudre le problème une fois qu’il est installé, plutôt que de chercher à l’éviter.

Mais là où la prévention n’a pas eu lieu et où le problème est déjà installé, il n’en reste pas moins que ces outils sont inappropriés pour résoudre des problématiques qui ont comme première composante la souffrance émotionnelle du chien.
Il est plus facile de résoudre un problème en effaçant les symptômes plutôt que de soigner le problème de fond.
Pourtant, comme en médecine ou dans d’autres domaines, c’est toujours un peu comme mettre un pansement sur une jambe de bois.

ILS SONT CONSIDÉRÉS COMME DE LA MALTRAITANCE

Certains de ces outils sont considérés comme de la maltraitance dans certains pays et sont donc interdits ou strictement réglementés comme au Danemark, en Australie, en Allemagne, en Suisse en Autriche, en Slovénie, en Angleterre,en Finlande, en Suède et depuis peu en Écosse.
La convention européenne pour la protection des animaux de compagnie, signée par la France,  y ajoute également un article dédié : “Article 7 – Dressage”.

Aucun animal de compagnie ne doit être dressé d’une façon qui porte préjudice à sa santé et à son bien-être, notamment en le forçant à dépasser ses capacités ou sa force naturelle ou en utilisant des moyens artificiels qui provoquent des blessures ou d’inutiles douleurs, souffrances ou angoisses.

Certaines associations vétérinaires se sont également prononcées en leur défaveur:

Les scientifiques se sont aussi penchés sur la question.
A lire: “Collier électrique, à pointes… les études scientifiques.”

ILS ABÎMENT LA RELATION AVEC SON CHIEN

Avec tout ça, il est plus facile de comprendre que la relation qui unit l’animal à son humain ne peut pas être complètement saine dans ce contexte. Enseigner dans la crainte n’est pas une manière appropriée pour obtenir une bonne éducation.

Que pensez-vous des professeurs ou des gens autour de vous qui vous ont manqué de respect et qui vous ont brutalisé pour vous apprendre quelque chose que vous ne saviez pas, souvent en faisant comme si vous étiez déjà censé savoir. Avez-vous une bonne relation avec ces gens-là ? les aimez-vous ? Avez-vous envie de passer plus de temps avec eux ou de leur rendre service ?
Pas sûr…

D’ACCORD MAIS QU’EST CE QU’ON FAIT A LA PLACE ?

Pour certains problèmes, il existe d’autres alternatives à ce genre d’outils. Le harnachement du chien doit davantage être basé sur son confort et sur son bien-être que sur le contrôle qu’il procure. Même s’il est parfois nécessaire de garder un minimum de contrôle pour apprendre au chien à devenir autonome quand la situation nécessite un apprentissage.

Le chien aboie, il fugue, il tire en laisse ? La première question à se poser avant d’utiliser n’importe quel outil sera de savoir si les besoins fondamentaux de ce chien sont respectés… parce que s’il passe ses journées dans son jardin et qu’il n’a rien de mieux à faire, il est tout à fait normal qu’il présente des comportements gênants, des signes d’anxiété ou qu’il cherche à compenser. Ensuite, il s’agira de déterminer quelles sont ses difficultés, pour l’aider tout en éliminant les comportements gênants.

(Voir pour exemple mon article “La marche en laisse quand on a tout essayé mais que rien ne fonctionne”.)

Je vous invite à suivre mon article sur les besoins du chien et à prendre un papier et un stylo et à vérifier que le compte y est !

Il est réactif/agressif ? L’agressivité est un réflexe de défense lié à une émotion négative ; ajouter une source de stress supplémentaire n’aidera pas le chien à s’apaiser.
Bien sûr que ce comportement est gênant. Bien sûr que nous aimerions qu’il disparaisse, mais ce n’est pas quelque chose qui « s’interdit ». On ne peut pas interdire une émotion, on ne peut que diminuer son expression. Il vaut donc mieux chercher à apaiser l’émotion à l’origine de ce comportement.

On ne punit pas un chien parce qu’il souffre. On lui apprend à mieux communiquer son problème.
Quelques pratiques utilisées :

  • Lecture du comportement du chien
  • Félicitations
  • Harnais anti-traction
  • Longe (5,10, 20m)
  • Aménagements/occupations autonomes
  • Phytothérapie

Mais au-delà de ces outils, qui ne sont que des aides complémentaires, la meilleure alternative qui existe est d’apprendre à connaître son chien, à savoir comment il apprend et comment il réfléchit, pour l’aider à dépasser ses difficultés ou mieux se faire écouter sans avoir besoin d’utiliser la répression.

Il n’existe pas de méthode miracle pour éduquer son chien ; quel que soit l’outil utilisé, il faut du temps, de la patience, de l’investissement, mais surtout de l’empathie.

Certains diront que ce n’est pas l’outil qui est en cause, mais l’utilisation que l’humain en fait. Certes, mais ces outils n’ont pas été créés pour rien non plus… Cela reste le même débat pour tout outil répressif ou dangereux. Doit-on supprimer l’outil pour en supprimer sa dangerosité potentielle ? Je laisse chacun trouver sa réponse à cette question !

Vanessa Fontaine de Pup's Academy

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Vanessa Fontaine

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